Les relations entre les communautés locales et le pouvoir central en Tunisie ont été historiquement conflictuelles, le centre cherchant toujours à asservir ces communautés et à leur imposer son contrôle. Les unités administratives régionales et locales, incarnées depuis la présence ottomane par les institutions du caïd et du cheikh, puis du calife, ont contribué à la formation de l’autorité centrale émergente en tant que noyau de l’État dans sa conception moderne, la consolidation de son influence dans son environnement territorial, et l’imposition de son contrôle sur la tribu, celle-ci étant l’organisation sociale et politique prédominante dans la société tunisienne.
Malgré l’évolution à long terme de l’administration régionale et locale dans le système juridique, la décentralisation en tant que mode d’organisation administrative fondé sur les principes de démocratie locale et d’indépendance administrative et financière n’a jamais été, jusqu’à la constitution de 2014, une option politique en Tunisie. L’ordre était de créer une « administration décentralisée » déformée, dépouillée de toutes ses composantes politiques, juridiques et financières, difficile à distinguer d’une administration décentralisée et apparaissant comme une « extension du centre » appartenant à l’État, tirant sa légitimité de sa loyauté envers le pouvoir politique et non des éléments locaux.
En conclusion, l’approche adoptée en Tunisie depuis l’époque ottomane jusqu’à la constitution de 2014, s’est caractérisée sans interruption par le renforcement de l’influence du centre au détriment de celui de l’élément. En effet, la révolution tunisienne a fourni, depuis 2011, une opportunité historique pour instaurer un système administratif local en rupture avec le modèle précédent.
Cependant, les résultats des premières élections municipales (2018) basées sur la constitution de 2014 ont produit une scène locale et une carte partisane émiettées, incapable ne permettant pas d’installer des conseils municipaux stables, politiquement cohérents et capables de gérer les affaires locales, ce qui a conduit à un approfondissement du sentiment de crise générale.
Avec la constitution de 2022, nous remarquons l’instauration progressive d’une nouvelle configuration institutionnelle fondée sur des équilibres constitutionnels et politiques différents à tous les niveaux national, régional et local. Comme le prévoyait la Constitution de 2022. Il est évident que le la nouvelle conception du système local vise à réaliser des enjeux et à déclencher de nouvelles dynamiques.
A travers ce projet de recherche, nous aspirons à une analyse approfondie de tous ces points principaux et de leurs sous-éléments, notamment les relations entre le centre et la périphérie, la place du local dans le système politique et constitutionnel tunisien, le rôle de l’administration locale dans le développement, le renouvellement de la base sociale du système politique et la redistribution de l’argent public.
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