La Méditerranée au cœur des conflits internationaux: Nouvelles influences et implications pour l’avenir et la stabilité de la région

Au lendemain de la crise syrienne et de pair avec le conflit qui se déroule en Libye, la région méditerranéenne a retrouvé sa position de nœud fondamental de la politique internationale en raison des contradictions qui mettent plusieurs de ses pays face à face d’une part, et également en raison de l’entrée de nouvelles forces désireuses de prendre part dans ces enjeux. La guerre en Syrie a été un élément clé dans la construction de nouvelles alliances sur des lignes de front somme toute assez éphémères. Le rôle de la Russie, basé sur des traditions remontant à la guerre froide, s’est lui transformé en une action efficace qui a permis de manière décisive dans la bataille contre les groupes armés hostiles au régime.

Et alors que le rôle des pays du Golfe parrainant ces groupes a largement diminué, le rôle de la Turquie s’est de sa part accru, dans un processus de redistribution des rôles et des zones d’influence avec d’autres acteurs en Syrie. Durant les derniers mois de la guerre en Syrie, il semblait qu’il existait une coordination de base entre la Russie, la Turquie et l’Iran, de même qu’un net retrait de l’Europe, qui a abouti à une refonte de la carte des puissances internationales et de leur influence dans cette région charnière de la politique internationale.

Ce processus de redistribution s’est rapidement étendu à l’Afrique du Nord à travers la crise libyenne, allant en parallèle avec la tension liée à l’exploration pétrolière en Méditerranée et au projet de gazoduc russe vers l’Europe. Le conflit en Libye, dans lequel la Turquie et la Russie sont fortement présentes, de même que les pays du Golfe et de l’Égypte, est devenu un nœud central dans la bataille pour l’influence dans le monde : au lendemain de l’accord définissant les frontières maritimes entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli, le conflit s’est mué en un enjeu géostratégique majeur relativement au futur potentiel énergétique du monde. Tout ceci se déroule à l’intérieur et à la périphérie du Maghreb, où règne un état d’instabilité et de fragilité politique et institutionnelle, faisant que ses pays, d’une manière ou d’une autre, ont dû prendre une certaine distance du conflit en place. L’instabilité politique dans les pays maghrébins limitrophes de la Libye a conduit à un déclin du rôle traditionnel de la Tunisie et de l’Algérie, malgré les potentiels historiques et diplomatiques dictés par le voisinage. Mais la transformation la plus importante reste sans aucun doute le net déclin du rôle européen en Méditerranée comme en témoigne la tension créée par les opérations d’exploration gazière turque près de Chypre. La preuve ultime de ce déclin est la coordination turco-russe, efficiente dans sa tentative de reprendre le processus politique en Libye, et à obliger les parties libyennes à cesser le feu comme une étape essentielle sur la voie d’une solution politique.

Le Centre d’études stratégiques sur le Maghreb consacre ce colloque à la crise en Méditerranée, et ses participants, experts dans ses problématiques et ses mutations, posent un certain nombre de questions: Quelle a été le degré de l’impact de la guerre en Syrie sur le changement d’influence en Méditerranée? Dans quelle mesure peut-on parler d’une nouvelle carte d’influence avec l’entrée d’acteurs nouveaux et actifs dans une sphère d’influence traditionnellement européenne? Quelles sont les implications du conflit sur les ressources en hydrocarbures et sur le rôle des différentes parties dans la crise libyenne et en Méditerranée? L’Europe peut-elle surmonter son état actuel de division et reconstruire une position commune envers la situation en Libye? Quelles sont les transformations possibles au niveau de la carte des moyennes puissances interférant dans la crise libyenne (Égypte et alliés du Golfe)? Quels sont les fondements des rapports sur le rôle de la Chine et de l’Iran dans la région? Quelles sont les répercussions de l’instabilité politique persistante en Tunisie et en Algérie dans l’absence de tout rôle efficace dans la crise libyenne? La convergence des points de vue officiels des deux nouvelles présidences en Tunisie et en Algérie représente-t-elle une opportunité pour construire un rôle commun face à la crise dans la région? Quelles sont les implications de l’instabilité en Méditerranée, du déclin du rôle européen et de l’entrée de nouveaux acteurs sur la situation dans ces deux pays du Maghreb?

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